Elle fut livrée et payée au Garde-Meuble de la Couronne le 13 juillet 1789, la veille d’un jour qui allait changer le monde. C’est peut être la dernière acquise par cette institution.

Dès le XIIIe siècle, un des services de l’Ostel le Roy, intendance royale, avait la charge d’approvisionner les résidences de la cour, encore itinérante, en meubles et tapisseries quelques jours avant l’ar­rivée du souverain. Il veillait à leur entre­tien et à la fabrication de mobiliers neufs.

Henri IV en fit une administration en 1604, mais c’est sous le règne de Louis XIV que l’institution deviendra prestigieuse. En 1663, Colbert la transforme et la nomme « Garde-Meuble de la Couronne ». Après quelques errances, elle s’installe en 1772 à l’Hôtel de la Marine, Place de la Concorde. En 1777, les galeries sont ouvertes au public de Pâques à la Tous­saint, inaugurant le premier musée des arts décoratifs. La Galerie des Grands Meubles conserve une collection de ta­pisseries unique au monde, des armes et des bijoux y sont aussi exposés dont les joyaux de la Couronne qui furent dérobés en 1792.

Commode

Révolution oblige, l’institution est supprimée en 1798, remplacée en 1800 par le « Garde-Meuble des Consuls » puis en 1804 devient Mobilier impérial, Napoléon développant une ample poli­tique de remeublement des palais. Ce n’est qu’en 1870 que le Mobilier impé­rial devient Mobilier National, nom qu’il porte encore de nos jours. Il déménage en 1937 dans un bâtiment construit sur les anciens jardins de la manufacture des Gobelins.

Devenu en 2003 un service à compé­tence nationale, il conserve, répare et entretient environ 100 000 objets mobi­liers et textiles. Vous aurez l’occasion de le découvrir lors de la prochaine visite du CJH.

Pour en finir avec notre commode, son créateur l’ébéniste Pierre-Fran­çois Guignard, prit une part active à la Révolution et s’illustra à la prise de la Bastille mais, après la chute de Robes­pierre il monta sur l’échafaud, ingrati­tude, ingratitude… •JPC